Auteur au nom mystérieux, Luca Tahtieazym a toujours écrit. Une passion dont il refuse de faire un métier pour conserver son plaisir intact, mais qu’il assouvit grâce à l’autoédition et à ses fidèles lecteurs.
Tahtieazym… Ce nom imprononçable n’est pas celui d’une île paradisiaque du pacifique ni d’un royaume magique mais celui d’un auteur bien français, qui l’a choisi moins pour faire le buzz que pour cacher sa véritable identité. « Écrire a toujours été un passe-temps. Plus qu’un passe-temps même puisque je ne sais pas vivre sans écrire. Mais si j’étais contraint, je ne sais pas comment je réagirais. Si demain, je devais rendre un livre de 200 000 mots pour une date déterminée, je ne suis pas certain que je pourrais y arriver. J’ai peur de perdre la magie de ce que je vis quand j’écris. Pour préserver mon plaisir, je continue à exercer un métier que j’aime par ailleurs et je conserve l’écriture comme un loisir », explique-t-il. Dès le BAC, Luca a choisi de cloisonner sa vie, avec d’un côté un métier dans le négoce et, de l’autre, sa passion pour la lecture et l’écriture. « J’ai eu la chance d’avoir des parents qui étaient de grands lecteurs et très jeune - je n’avais même pas 10 ans -, j’ai lu mes premiers grands romans. Adolescent, j’ai commencé à écrire mes premières histoires. Logiquement, j’aurais dû faire un BAC littéraire mais déjà à l’époque, je me disais probablement qu’on ne vivait pas de sa passion, alors j’ai fait un BAC ES pour travailler dans le commerce ». Et du commerce, Luca en fait tous les jours, c’est son métier. Mais dès qu’il a cinq minutes, sur un coin de table, dans le train ou pendant qu’il fait la cuisine, il écrit.
Pour préserver mon plaisir, je continue à faire un métier que j’aime par ailleurs et je conserve l’écriture comme un loisir.
La liberté d’écrire
Depuis 25 ans, Luca n’a cessé d’écrire. Il y a environ 20 ans, il a envoyé ses manuscrits à plusieurs maisons d’édition. Il n’a jamais reçu de réponse. Pour autant, il a continué à écrire mais n’a plus cherché à être publié. « Aujourd’hui avec le recul, je considère aussi que mes ouvrages d’alors ne méritaient pas d’être publiés », estime-t-il. « Je suis bien entendu passé par une phase de frustration que je ne réalise réellement qu’aujourd’hui, depuis que je suis lu. Mais dans la mesure où écrire est avant tout un plaisir pour moi, je n’ai pas arrêté. Quand j’ai entendu parler d’autoédition, j’ai essayé. Au départ, cela n’a pas vraiment fonctionné : personne ne me connaissait, j’étais noyé dans la masse, mais les rares personnes qui ont lu mon premier livre et qui l’ont apprécié, l’ont fait savoir et, de fil en aiguille, mon lectorat s’est développé ».
Auteur de sept romans en moins de deux ans, dont un (« Versus ») qui a remporté la Plume des Lecteurs au concours Amazon des Plumes Francophones 2017, Luca est très prolifique. Mais il met autant de temps à corriger un manuscrit qu’à l’écrire. « En fait, la majorité des histoires existaient déjà avant que je tente l’autoédition », explique-t-il. « Mais je les ai retravaillées jusqu’à ce que j’estime qu’elles valaient la peine d’être publiées. La qualité des textes est un reproche souvent fait à l’autoédition et bien entendu, il y a un peu de tout, dont des projets qui ne sont pas assez aboutis. Mais il y a aussi des manuscrits d’une grande qualité, tant du point de vue de l’écriture que des histoires ».
Celui qui ne renonçait pas // Maître du suspens
Inclassable, Luca ne s’interdit aucun genre : il écrit aussi bien des thrillers (« Chaos », « Versus ») que des OLNI (*) (« Bagatelle et la chamade des cœurs perdus » ou encore un diptyque sur la quête d’identité (« L’ombre » et « Le roman inachevé »). « Je lis de tout : des policiers, des grands classiques, de l’humour… Je suppose que cela se ressent dans mon écriture », présume Luca. « Malgré tout, je pense avoir un fil conducteur : le suspens. Il y a du suspens dans tous mes livres. Et aussi des personnages torturés. En fait, je m’intéresse surtout aux relations de mes personnages. Dans tous mes romans, l’intrigue est surtout là pour planter le décor et provoquer des situations ou des réactions ».
En janvier dernier, Luca sortait son dernier roman : « Ceux qui ne renonçaient pas ». Malgré les propositions de maisons d’édition traditionnelles, il préfère continuer à s’autoéditer. Pas parce qu’il est revanchard mais simplement parce qu’il attend plus d’une maison d’édition qu’un simple contrat. « Une petite maison d’édition, ou une grosse d’ailleurs, qui me ferait sentir que mon roman lui a vraiment plu et qu’elle a l’intention de s’investir pour qu’il soit présent dans les librairies pourrait me faire changer d’avis. Pour l’instant, je suis en discussion… ». En attendant, Luca n’a pas l’intention de renoncer à l’autoédition et compte bien continuer à se faire plaisir en publiant des manuscrits… pour le plus grand bonheur de lecteurs toujours plus nombreux et assidus.
Quant au concours des Plumes Francophones, l’édition 2018 a d’ores et déjà été annoncé et les auteurs pourront soumettre leur manuscrit entre le 1er mai et le 31 août 2018.
(*) Ouvrages Littéraires Non Identifiés